ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 10 SEPTEMBER, 2015 – 15:00

L’absence de statistiques ne permet pas de mesurer l’ampleur des conséquences liées à l’alcoolisation du fœtus à Maurice. Mais des études à l’étranger ont démontré que les handicaps mentaux découlant d’une alcoolisation sont sept fois supérieurs à ceux liés à la trisomie 21. Pour mieux sensibiliser sur ce problème, l’association Étoile d’Espérance organise la campagne “Zéro alcool pendant la grossesse et l’allaitement”.

« Un seul verre représente un risque, et cela quel que soit le type d’alcool. » Le Dr Thierry Maillard, spécialiste réunionnais, l’a rappelé ce matin lors d’une session de formation sur le Syndrome d’Alcoolisation Fœtal (SAF). « Nous ne sommes pas égaux face à l’alcool. C’est pour cela que nous disons “zéro alcool pendant la grossesse” », a-t-il insisté.
Cette session de formation vise à permettre aux professionnels de la santé ainsi qu’aux travailleurs sociaux mauriciens de mieux comprendre la problématique du SAF. Pour le Dr Maillard, il est nécessaire qu’une étude soit réalisée à Maurice afin de connaître l’ampleur des conséquences de l’alcoolisation fœtal. Pour cela, il faudrait un suivi dans les maternités, particulièrement auprès des femmes à risques.
En France, par exemple, on compte chaque année plus de 750 enfants atteints de troubles liés à l’alcoolisation gestationnelle. Sans compter qu’il y a des cas qui ne sont pas repérés. À Madagascar, une étude a révélé qu’une femme sur trois affirme avoir bu pendant la grossesse. D’après l’académie de médecine, l’alcoolisation gestationnelle est la première cause de handicap non génétique.
D’où l’importance de cette campagne de sensibilisation lancée par Étoile d’Espérance dans le cadre de la Journée internationale de la prévention du SAF, observée le 9 septembre. Véronique d’Unienville, fondatrice et présidente de l’association, fait ressortir qu’il est « impératif d’alerter l’opinion publique sur le handicap irréversible causé sur le fœtus et, indirectement, les conséquences de l’alcool sur la santé de la maman ».
Micaëlla Clément et Priscilla Martial, directrices associées d’Étoile d’Espérance, lancent, elles, un appel aux ministères concernés pour qu’une étude approfondie soit réalisée sur la question. « Il est important de déterminer le nombre d’enfants atteints de troubles causés par une exposition in utero à l’alcoolisation maternelle. Nous pourrons ainsi offrir l’accompagnement adéquat à ces enfants. »
Représentant le ministère de la Santé, le Dr Mariam Timol a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de « dose minimale d’alcool préconisée pendant la grossesse. D’où la nécessité d’aller vers la tolérance zéro. » Elle a également rappelé que 30 à 40% des patients de l’hôpital Brown Sequard sont admis pour des problèmes liés à l’alcool.
C’est Aisha Allee, fondatrice et présidente de Blast Communication qui a été désignée marraine de la campagne de sensibilisation. Elle témoigne avoir beaucoup appris sur ce problème grâce à Étoile d’Espérance. « J’ai accepté d’être la marraine de cette belle campagne de sensibilisation car, en prenant en considération ce phénomène qui touche la femme, nous sauvons deux vies : celle de la mère et celle de l’enfant. »

La consommation d’alcool pendant la grossesse affecte le développement du fœtus. Outre les malformations physiques qui peuvent en résulter, l’atteinte du système nerveux peut également entraîner des troubles du comportement. Le Dr Thierry Maillard énumère quelques conséquences de la consommation d’alcool pendant la grossesse, à l’instar du retard de croissance, de la mort in utero, des fausses couches, des naissances prématurées, des malformations, de l’hyperactivité, du syndrome de sevrage (l’enfant est agité et refuse la tétée), des problèmes cognitifs et des difficultés sur le plan social.

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