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ALCOOL & GROSSESSE

Pendant plus de 40 ans, boire pendant la grossesse a été reconnu comme potentiellement nocif pour le bébé. Les enfants exposés à une forte consommation prénatale d’alcool peuvent présenter un certain nombre d’anomalies physiques et cérébrales ainsi qu’une croissance limitée. Les dommages neurodéveloppementaux peuvent entraîner de graves problèmes d’apprentissage et de comportement, tandis que ceux qui sont exposés à une consommation moindre d’alcool peuvent également présenter des effets indésirables plus modérés (1).

La consommation « sociale » d’alcool pendant la grossesse chez les femmes occidentales est courante, mais il n’y a toujours pas de consensus, même parmi les professionnels, pour la nuisance de petites quantités d’alcool pendant la grossesse. Cependant, plus l’exposition est grande, plus le risque pour le fœtus est grand, bien qu’il y ait probablement un seuil au-dessus duquel les dommages sont plus probables (2). Il est dommage que la quantité d’alcool utilisée ne soit pas standardisée. La taille d’une boisson varie d’un pays à l’autre et une portion d’une boisson alcoolisée peut ne pas correspondre à la boisson standard, définie à l’origine comme contenant 12 g d’alcool absolu (3). Néanmoins, il a été rapporté que la consommation d’alcool de plus d’une unité par jour pendant la grossesse augmente les risques d’accouchement prématuré et de naissance d’un bébé plus petit qu’il ne devrait l’être, tout en étant associée à un risque accru de fausse couche (4).

Le moment d’exposition est important pour déterminer les effets de l’alcool pendant la grossesse. Au cours des trois premiers mois, le risque d’anomalies structurelles est augmenté, tandis que plus tard pendant la grossesse, la croissance du bébé et le développement du cerveau sont à risque. Ces risques augmentent avec la consommation globale pendant la grossesse, mais dépendent également du mode de consommation (5). Par exemple, les Alcoolisations Ponctuelles Intenses (Binge Drinking) entraînent des pics élevés d’alcool dans le sang qui, à des périodes critiques du développement, peuvent entraîner des lésions fœtales. Cependant, la définition de la consommation excessive d’alcool diffère et il existe une variation considérable entre les femmes et les fœtus dans la façon dont ils métabolisent et font face à l’alcool. Un cas de jumeaux exposés à l’alcool a été signalé, un cas étant clairement affecté et l’autre moins.

L’impact de la consommation d’alcool à un niveau faible à modéré pendant la grossesse (souvent défini comme 1 à 6 unités par semaine chez les femmes non enceintes en bonne santé) est préoccupant, bien que les résultats restent controversés (6). L’exposition prénatale à l’alcool à des niveaux inférieurs à la consommation quotidienne a été associée à un comportement nuisible chez les enfants, bien que d’autres études n’aient pas associé de faibles niveaux de consommation d’alcool (1 à 2 unités par semaine).

D’autres facteurs seront également importants. Une diminution substentielle du QI chez les descendants génétiquement vulnérables a été observée même lorsque l’exposition à l’alcool était faible. Les preuves suggèrent que les femmes plus jeunes avec des grossesses non planifiées sont plus susceptibles de boire beaucoup et dans un régime de consommation excessive d’alcool. Le fait que la déclaration des habitudes de consommation d’alcool est courante, et il semble que la plupart des cas d’abus d’alcool pendant la grossesse ne soient pas identifiés par les cliniciens (7).

Donc, basé sur les connaissances à ce jour, ainsi que l’incertitude persistante quant à l’existence d’un seuil de consommation sûre, l’EBCOG soutient le consensus qui recommande que les femmes devraient idéalement s’abstenir de consommer de l’alcool pendant la grossesse ou lors de la planification de grossesse (2). Cela étant dit, il faut comprendre qu’il existe peu de preuves que boire de petites quantités d’alcool pendant la grossesse cause des dommages au bébé.

Mais aussi important, l’EBCOG considère qu’il est essentiel que les acteurs de prévention de la  santé des femmes, ainsi que les responsables de l’éducation en santé dans les écoles, fournissent des informations sur les conséquences d’une sexualité non protégée associée à la consommation d’alcool, ainsi que les risques pour la descendance. En outre, il devrait y avoir un effort soutenu pour identifier les femmes ayant des troubles de la consommation d’alcool à un stade précoce de la grossesse, ou de préférence avant la grossesse, et les orienter vers le service le plus approprié.

Références

1.Dörrie N, Föcker M, Freunscht I, and Hebebrand J. “Fetal alcohol spectrum disorders” Eur Child Adolesc Psychiatry 2014;23:863–875

2.Patra J, Bakker R, Irving H, Jaddoe VWV, Malini S, Rehm J. Dose-response relationship between alcohol consumption before and during pregnancy and the risks of low birth weight, preterm birth and small-size-for-gestational age (SGA) – A systematic review and meta-analyses. BJOG 2011;118:1411-1421

3.http://www.euro.who.int/en/data-and-evidence/evidence-informed-policy-making/publications/hen-summaries-of-network-members-reports/is-low-dose-alcohol-exposure- during-pregnancy-harmful

4.Feodor Nilsson S, Andersen PK, Strandberg-Larsen K, Nybo Andersen A-M. Risk factors for miscarriage from a prevention perspective: a nationwide follow-up study. BJOG 2014;121:1375– 1385.

5.Flak AL, Su Su, Bertrand J, Denny CH, Kesmodel US, Cogswell ME. The Association of Mild, Moderate, and Binge Prenatal Alcohol Exposure and Child Neuropsychological Outcomes: A Meta-Analysis. Alcohol Clin Exp Res 2014;38:214–226.

6.Gray R. Low to moderate alcohol consumption during pregnancy and child development – moving beyond observational studies. BJOG 2013;120:1039-1041.

7.O’Leary CM, Halliday J, Bartu A, D’Antoine H, Bower C. Alcohol-use disorders during and within one year of pregnancy: a population-based cohort study 1985–2006. BJOG 2013;120:744-753

Écrit par Dr Hanna Kahila et Professeur Erja Halmesmäki (d’Helsinki University Central Hospital), et approuvé par : Dr Alex Baldacchino, University of Dundee; Pr Luis Graca, University of Lisbon; Dr Marjetka Hovnik Kersmanc, National Institute of Public Health, Slovenia; Pr Ulrik Schiøler Kesmodel, Aarhus University Hospital; Pr Moira Plant, University of the West of England; Pr Tim Van Mieghem, University Hospitals Leuven.

La version finale a été approuvée par le Président Exécutif de l’EBCOG, EUROPEAN BOARD & COLLEGE OF OBSTETRICS AND GYNAECOLOGY.

https://www.ebcog.org/single-post/2015/11/27/EBCOG-Position-paper-on-Alcohol-and-pregnancy